L’Histoire de Jeanne Hachette
Au détour de rues beauvaisiennes, une jeune cardeuse de laine poursuit une existence paisible jusqu’au 27 juin 1472…
Sur les remparts de la ville qui l’a vu naître, Jeanne Laisné marque d’une trace indélébile l’Histoire de Beauvais en devenant la figure de la résistance courageuse des beauvaisiens face à l’armée de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.
La rivalité entre un duc et un roi…
1472, un climat de tension règne en France...
Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne, voulant venger la mort du Duc de Guyenne frère de Louis XI, ravage la Normandie. Il passe la Somme à la tête de 80 000 hommes, déjà la ville de Nesle a été saccagée, livrée aux flammes et ses habitants égorgés.
Beauvais, sans doute, est réservée aux mêmes horreurs…
Charles le Téméraire
Duc de Bourgogne
Louis XI
Roi de France
27 juin 1472, Beauvais attaquée…
Au matin du 27 juin 1472, des couvreurs qui travaillent sur le toit de la cathédrale voient surgir l’avant-garde bourguignonne. Beauvais est attaquée ! L’alarme jetée par les « cloquettes » de la cathédrale Saint- Pierre est répercutée par les cloches des paroisses.
En un instant, la ville est sur pied.
Beauvais ne dispose que de peu de soldats pour se défendre : quelques arbalétriers et archers francs. Le péril est extrême. Les beauvaisiens, au pied du mur, s’arment du mieux qu’ils peuvent pour défendre leur ville. Femmes, filles et enfants se mêlent aux soldats.
Jeanne Laisné devient Jeanne Hachette…
La chasse de Sainte-Angadrême, Sainte patronne de la ville, est processionnellement conduite à l’endroit le plus menacé.
Une jeune cardeuse de laine, âgée de seize ans, et armée d’une hachette, grimpe sur la brèche où un bourguignon s’apprête à planter son étendard, elle le lui arrache des mains au moment où il va s’écrier « ville prise » et de ses mains nues, le repousse dans le vide.
Cet acte héroïque d’une jeune beauvaisienne donne le courage aux beauvaisiens de résister face à l’armée bourguignone. Vaincu, Charles le Téméraire ordonne retraite le 22 juillet de la même année.
une figure feminine dans l’histoire de France
Le courage des femmes beauvaisiennes à l’honneur
Louis XI, maintenant maître incontesté au Nord de Paris, promulgue une ordonnance datée du mois de juin 1473, par laquelle il décrète qu’il sera fait, chaque année, une procession solennelle le jour de la fête de Sainte Angadrême et que les femmes y auront le pas sur le clergé et sur les hommes .
Ce n’est pas tout ! Cette ordonance confère aux dames un des privilèges qui appartient en propre aux femmes de la noblesse : « Toutes les femmes et filles qui sont à présent et seront à tout jamais en ladite ville se pourront le jour de leurs noces et toute fois que bon leur semblera, parer, vestir et couvrir de tels vêtements, parement joyaux et ornements que bon leur semblera, sans que, pour ce, elles puissent être aucunement notées, reprises ou blasmées, de quelques estat ou condition qu’elles soient ».
Pour récompenser le courage de Jeanne Laisné, le Roi la marie à son fiancé : Colin Pilon, la dote avec générosité et les exempte de toutes les tailles
Jeanne hachette, héroïne de Beauvais
Depuis 1473, chaque dernier week-end de juin, les beauvaisiens honorent Sainte-Angadrême et leur héroïne Jeanne Hachette, à l’occasion des Fêtes Jeanne Hachette.
Chaque année, une jeune femme âgée de 16 à 25 ans est élue pour incarner l’héroïne beauvaisienne et ainsi continuer à transmettre l’Histoire.